Le sens caché de certains mots
Le mot metourguemane est l’adaptation en hébreu de l’araméen tourguemane, qui, par l’intermédiaire de l’arabe et du grec byzantin, a donné les mots français "drogman" et "truchement". Emprunté à l’arabe, le mot "drugement" entre dans le français au XIIème siècle, puis se transforme en "truchement". Le même mot donnera "drogman", qui désignera plus précisément les interprètes du Levant. Dans l’empire ottoman, le drogman est l’interprète officiel chargé de seconder les agents diplomatiques et consulaires. Le mot drogman rappelle que traduire n’est pas seulement réexpression d’une pensée dans une autre langue. "De fait, en arabe, le mot d’où vient drogman veut dire "exprimer quelque chose pour soi-même". [...] On se "donne langue d’abord, et on prête cette langue à l’écriture (encore muette pour nous) que le traducteur fait parler, en lui procurant une langue, la sienne" (Sinaceur 1992 : 37-38). Interpréter, traduire, c’est au fond retraduire. V. truchement.