L’erreur de traduction imaginaire
La traduction est un service professionnel discret, pour ne pas dire méconnu. Ce qui fait que bien des clients qui n’ont jamais fait appel à un traducteur ou à un interprète projettent une image bien peu conforme à la réalité de notre profession.
Il est vrai que, contrairement à un boulanger ou à un coiffeur qui doivent avoir un CAP pour exercer, n’importe qui peut se dire traducteur. C’est donc une profession non réglementée, où l’on peut encore trouver des traducteurs qui n’ont de traducteur que le nom : plus de la moitié des CV que nous recevons sont remplis de fautes d’orthographe.
Mais lorsque l’on s’adresse à une agence, on peut se douter que seuls le sérieux et la qualité permettent de durer.
Un drôle de soupçon
Néanmoins, il arrive que nos clients – mais cela concerne également tous nos confrères – expriment un mécontentement non justifié, sans doute explicable par le soupçon qui accompagne une activité mal connue, mais non justifié.
Chose curieuse, dans plus de 95% des cas, il s’agit de clients français critiquant une traduction français anglais, car ils s’estiment légitimes à juger le travail d’un traducteur professionnel de langue maternelle anglaise.
Parmi les réactions que nous recueillons, il y a la classique « c’est une traduction Google translate », ce qui, je vous l’accorde, n’est pas un compliment. Evidemment qu’aucun de nos traducteurs ne se permettrait de livrer, ni même d’utiliser comme base cet outil grand public. Mais cela vient de ce que notre client soupçonneux n’imagine pas que des mots anglais ressemblant à du français sont du très bon anglais… « L’anglais, c’est du français mal prononcé » comme aurait dit Clemenceau.
On peut ne pas être d’accord avec une traduction, mais cela ne signifie pas qu’elle soit mauvaise, ni que celle qu’on aurait préférée soit meilleure. En effet, tous nos traducteurs étant des professionnels de la traduction et ne traduisant que vers leur langue maternelle, votre collègue brésilien, tchèque ou chinois, n’est pas plus brésilien, tchèque ou chinois que notre traducteur. La seule différence est que votre collègue n’est pas traducteur ! Outre cela, il n’a peut-être pas vu non plus le texte source, qui a peut être été mal rédigé, et dans ce cas probablement que la traduction est malgré tout meilleure que l’original.
Si chez vous une agence bancaire se dit « branch » plutôt que « agency » (ou le contraire), dites-le nous ! Les deux se disent. Mais si vous ne nous fournissez pas un glossaire définissant les préférences terminologiques de l’entreprise, le traducteur ne peut pas le deviner.
Néanmoins le zéro défaut n’existe pas. Et une relecture aux normes ISO:17100 n’y changera pas grand-chose. En informatique, secteur réputé sérieux et professionnel, cela s’appelle un bug. Et un bug, cela se signale selon des procédures prédéfinies, et cela se corrige.
C’est exactement ce que nous faisons, sans la moindre difficulté. Mais corriger une erreur imaginaire, c’est vraiment très éprovant, même si cela ne se produit que 3 ou 4 fois dans l’année.