Le poids des langues
Pourquoi les pays à faible rayonnement linguistique (Pays-bas, Italie, Suède ou même l’Allemagne) sont-ils de grands exportateurs ?
Sans doute y a-t-il des raisons historiques, géographiques ou économiques à cela. Mais lorsque l’on compare le CA du secteur de la traduction en France et en Italie par exemple, l’on constate que celui de l’Italie est deux fois supérieur à celui de la France rapporté au PIB par habitant.
Et lorsque l’on compare la part des exportations de l’Italie toujours en PIB par habitant, on retrouve les mêmes proportions.
Autrement dit, si la France exporte assez peu et assez mal (200 grandes entreprises réalisent 50% des exportations), cela est peut-être lié à une sous-estimation chronique, culturelle, du paramètre linguistique.
Que les cadres d’entreprise se débrouillent à l’oral dans les langues étrangères plus que par le passé, on ne peut que s’en réjouir, même s’ils surestiment sensiblement leurs compétences linguistiques. Mais cela masque une grande misère.
Un franco-centrisme culturel
Un petit Suédois apprend l’anglais dès la maternelle
Un petit Italien sait qu’il n’y a qu’en Italie que l’on parle italien
Un petit Allemand sait qu’en dehors de l’Allemagne on parle peu l’allemand
Un petit Français n’a ni le vrai bilinguisme d’un petit Suédois, ni le réalisme d’un petit Italien, ni la modestie d’un petit Allemand.
L’intelligence, c’est connaître ses limites
Même en ayant vécu 15 ans aux Etats-Unis, non seulement vous serez loin d’être bilingue, mais en plus votre français finira par sonner parfois bizarrement. Il y a donc une grande différence entre :
- S’estimer bilingue et être bilingue
- Etre à l’aise dans une langue malgré tout étrangère et être efficace dans cette langue.
- Parler et écrire dans une langue étrangère
- Etre capable de rédiger en anglais (par exemple) et être capable de rédiger comme un anglais
Les conséquences pratiques
- Les entreprises ont besoin de traduire leur documentation dans la ou les langues utilisées dans les pays où elles souhaitent exporter.
- Imaginer que « tout le monde » parle anglais est une approximation dangereuse. En outre, lire dans une langue qui n’est pas sa langue maternelle requiert un effort et engendre une déperdition : entre 20 et 60% de temps de lecture en plus et d’assimiliation du contenu en moins. Enfin, traduire dans la langue de ses clients est un acte de courtoisie et d’engagement dans la durée.
- Faire choisir son prestataire par un service achat, c’est comme lui demander de trouver un avocat commis d’office – en raison de son prix et non de son efficacité. Choisissez donc votre prestataire en fonction de la confiance que vous aurez pour que vos documents traduits soient aussi efficaces (voire plus) que vos documents d’origine.
En synthèse, il nous faut un peu plus de modestie dans notre approche linguistique. Les cadres français sont de plus en plus à l’aise avec une ou plusieurs langues étrangères, et c’est très bien. Mais personne n’est omniscient. Traduire, c’est un métier. Ce n’est pas parce que vous êtes bon en maths que l’on va vous demander de faire de la compta. De même, ce n’est pas parce que vous êtes à l’aise dans une langue que vous devriez traduire. Et si vous faites traduire, choisissez votre prestataire comme vous choisiriez votre avocat : en fonction de la confiance que vous aurez en sa capacité à vous faire gagner.