L'arrogance française ?
Dans ces tests passés dans des entreprises de 63 pays, la France arrive en 29ème position sur 63 pays testés. En Europe, l'Hexagone est 21ème sur 24 - autant dire que les français ne sont pas mauvais en anglais : ils sont très mauvais.
Ce qui a changé en 10 ans ? Leur classement relatif n'a fait que baisser, dépassés par les thailandais, les vietnamiens ou les indonésiens.
Ce qui n'empêche pas certains de nos clients, s'estimant "bilingues", de remettre en cause à tort et à travers la qualité ou la pertinence des traductions en anglais - j'entends par là des traductions professionnelles réalisées par des traducteurs de langue maternelle anglaise. Certes, l'on peut accepter qu'il existe une certaine subjectivité en la matière, et n'allez pas croire que les traducteurs ne connaisent pas les termes "métier" que seul le client pourrait connaître : nous choisissons précisément les traducteurs en fonction de leur connaissance approfondie d'un métier ou d'une spécialité.
Chose curieuse, ce phénomène n'existe qu'en France et uniquement dans le cas de traductions du français vers l'anglais. Jamais la moindre remarque acrimonieuse lorsqu'il s'agit d'une traduction vers le français, ni chez nos collègues européens où il ne viendrait à l'idée de personne de s'estimer plus apte à juger de la pertinence d'une traduction en français, par exemple, qu'un traducteur de langue maternelle française.
Chers clients, que savez-vous vraiment ?
Certainement, chaque client est exceptionnel. Cependant, en moyenne le résultats des tests (si l'on ne prend en compte que les résultats des cadres et des dirigeants) leur attribue un score d'enriron 55/100. Sachant que la France est en 29ème position sur 63 pays (21ème sur 24 pays européens), un peu de modestie, mes chers clients, ne vous ferait pas de mal.
Il y a loin de la coupe aux lèvres
L'on sait bien que l'enseignement de l'anglais en France est insuffisant dans le secondaire et l'enseignement supérieur. Mais n'allez pas croire pour autant qu'un séjour de 10 ans aux Etats-Unis fera de vous un vrai bilingue. Certes, vous serez plus bilingue au bout de 10 ans passés dans un pays anglophone que quelqu'un qui y aura passé un an, mais la langue est plus complexe que cela : les ordinateurs battent les champions d'échecs depuis près de 30 ans maintenant, mais n'arrivent toujours pas à traduire des textes assez simples.
Parler, tenir une conversation courante ou même technique, ce n'est pas du tout la même chose que de traduire : dans un cas, l'on utilise un certain nombre d'automatismes, et l'on se sert d'un vocabulaire restreint (quelques centaines de mots), tandis qu'en traduction, on est dans un aller-retour continu entre l'expression d'une pensée, d'une idée ou d'un argument dans une langue et son expression équivalente dans une autre. Ce qui n'est pas à la portée du premier bilingue venu.
Facile d'être bilingue, difficile de traduire
Pour peu qu'on ait été exposé à une langue étrangère dans de bonnes conditions, il est relativement facile d'être bilingue, si l'on n'est pas trop exigeant sur l'étendue et la profondeur des connaissances linguistiques. Mais comme le savent tous les cadres "bilingues" à qui on a demandé de traduire des documents et qui n'ont pas mesuré l'ampleur de la tâche, ce qui paraît très facile est dans la pratique très difficile.
D'abord cela prend du temps, souvent beaucoup plus de temps qu'il n'en aura fallu pour écrire le document source. Ensuite cela exige de comprendre en profondeur le sens du texte (et pas seulement la signification des mots, il y a des dictionnaires pour cela) ; puis de transvaser en quelque sorte ce contenu dans un autre contenant qu'est la langue cible. Et parfois, ce transvasement nécessite de réorganiser la structure, faire des ajustements, des transpositions, pour qu'à la lecture de la traduction, l'on comprenne le plus exactement possible dans une langue ce que l'on aurait compris dans l'autre. Enfin, il faut un excellent niveau dans sa langue maternelle. Et ce n'est pas parce que vous êtes français, de langue maternelle française, que vous maîtrisez votre langue, même si chacun a naturellement tendance à s'estimer expert en la matière.
Pour plus d'informations : http://www.ef.fr/epi/reports/epi-c/